Michèle Rioux poursuit ses travaux en partenariat avec des organisations du milieu culturel et de l’intelligence artificielle.
Article sur les travaux du LATICCE publié dans Actualités UQAM !
Interview du professeur Georges Azzaria, pour Radio-Canada.
Si vous demandez à l’intelligence artificielle (IA) de créer une œuvre avec seulement un ou deux mots, avez-vous un droit sur cette œuvre-là? Selon le professeur de propriété intellectuelle et de méthodologie Georges Azzaria, la réponse est non. Pour moi, il est à peu près clair qu’on n’a pas de droit sur cette œuvre-là [...] Donc tout le monde pourrait l’utiliser.
Le professeur explique son raisonnement, mais souligne toutefois que le droit est flou et que l’IA secoue les fondements mêmes du droit d’auteur. Il parle également du cas différent des artistes qui l’utilisent comme outil et des poursuites aux États-Unis.
Analyse de la relation entre les métadonnées enrichies et l'écoute globalisée en streaming, par Jean-Robert Bisaillon, co-directeur du LATICCE.
https://zenodo.org/records/14670915
Rapport d’analyse, décembre 2024
Par Dr. Antonios Vlassis (Center for International Relations Studies-CEFIR, Université de Liège) Rapport d’analyse, décembre 2024
https://ceim.uqam.ca/db/spip.php?page=article-ceim&id_article=14397
Jean-Robert Bisaillon, co-directeur du LATICCE pour la musique enregistrée, publie aujourd’hui les constats et le rapport préliminaire issus des travaux soutenus par une bourse MITACS et un financement de la Stratégie commune de la mission franco-québécoise sur la découvrabilité des contenus culturels francophones et intitulé :
Percer la chambre d’écho de la recommandation pour stimuler la découvrabilité et l’exportation des enregistrements sonores : analyse de la relation entre les métadonnées enrichies et l’écoute globalisée en streaming.
Le rapport écrit dans un style accessible, destiné aux artistes et labels français et québécois, aborde la pertinence de valoriser la documentation détenue par les équipes artistiques pour aider les abonnés des services de musique en ligne à mieux trouver ce qu’ils ont envie d’écouter et pour varier la monotonie des artistes qu’on leur recommande.
Même si les conclusions du rapport ne sont pas définitives, elles offrent des pistes de réflexion qui seront utiles dans un contexte où tout évolue rapidement, laissant entrevoir un combat pour une plus grande régulation des plateformes de musique devenues de véritables monopoles.
Décembre 2024
Par Jean-Robert Bisaillon, Co-Directeur pour la musique enregistrée, LATICCE
Espace recherche du LATICCE : https://wiki.uqam.ca/pages/viewpage.action?pageId=181602629
Consultez le rapport : Percer la chambre d’écho de la recommandation musicale | Décembre 2024
Sur l'archive HAL : https://hal.science/hal-04852282
Read the report in english : Breaking through the recommendation echo chamber | December 2024
Le LATICCE et son directeur scientifique Guy-Philippe Wells poursuivent leur veille des enjeux de l’IA dans les secteurs culturels en collaboration avec le CEIMIA. Nous annonçons cet automne, la mise en ligne de deux articles abordant des enjeux sensibles invitant à la réflexion et l’adoption de postures technocritiques sinon régulatoires : l’usage d’œuvres protégées en vertu des cadres de la propriété intellectuelle pour l’entraînement des algorithmes (octobre) et les impacts environnementaux de l'intelligence artificielle générative de contenus artistiques (novembre).
Une idée, vingt watts à l’heure : l’IA, et la consommation d’énergie en culture (novembre 2024) https://bit.ly/3YxAyGP
IA et culture : données d’entraînement et propriété intellectuelle (octobre 2024) https://bit.ly/3V9pw8q
Par Guy-Philippe Wells, Directeur scientifique, LATICCE
Les questions éthiques, telles l’application du droit d’auteur dans l’usage d’œuvres pour entraîner les intelligences artificielles, le rôle joué par les métadonnées et les identifiants uniques, les biais à surveiller dans les procédés algorithmiques appliqués à la découvrabilité ou même les corollaires comme le paiement de redevances équitables pour le streaming, autant des sujets réunis dans cette série d’articles inédite.
Un projet engageant la collaboration entre le Laboratoire de recherche sur la découvrabilité et les transformations des industries culturelles à l’ère du commerce électronique (LATICCE), le Centre d'expertise international de Montréal en intelligence artificielle (CEIMIA), le programme Mitacs et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, propose depuis février, sous la plume du chercheur doctorant et directeur scientifique du LATICCE Guy-Philippe Wells, une veille sur les enjeux de l'intelligence artificielle pour la culture.
Le CEIMiA est plus largement engagé dans 5 autres projets qui permettront la mise en chantier de projets logiciels appliqués pour l’industrie québécoise de l’enregistrement sonore. L’idée maîtresse étant de produire des outils de méta-recherche et de recommandation ciblée qui permettront une plus grande découvrabilité de la musique du Québec en ligne. La veille offre une synthèse évolutive des défis qui accompagnent le déploiement de ces solutions s’appuyant sur l’IA et qui pourront, à terme, être transposées dans l’ensemble des secteurs créatifs.
Vous sont proposés ici, les 4 premiers textes de cette veille :
L’équité dans la répartition des redevances des plateformes: une réforme nécessaire des mécanismes de répartition (#4 - Juillet 2024)
https://ceimia.org/limpact-de-lia-sur-la-decouvrabilite-dans-le-secteur-culturel-juillet-2024/
Algorithme et pratiques d’écoute sur les plateformes : un état des lieux (#3 - Mai 2024)
https://ceimia.org/limpact-de-lia-sur-la-decouvrabilite-dans-le-secteur-culturel-mai-2024/
Métadonnées : un outil de découvrabilité efficace ? (#2 Avril 2024)
https://ceimia.org/limpact-de-lia-sur-la-decouvrabilite-dans-le-secteur-culturel/
Vers un algorithme bienveillant (#1 Février 2024)
https://ceim.uqam.ca/db/spip.php?page=activites-ceim&id_article=14334&id_auteur=1155
Le LATICCE vous convie à une rencontre sur le thème de ...
Découvrabilité et souveraineté culturelle du Québec à l'ère du numérique
Mardi le 5 mars 2024 | de 14h à 17h (accueil dès 13h)
Salle des boiseries de l’UQAM (Pavillon Judith-Jasmin, J-2805 - Les boiseries sont situées exactement sous le clocher de l’ancienne Église-de-Saint-Jacques)
Une captation aura lieu pour visionnement en différé
ATTENTION : Notez que l’heure du début de notre activité a été reportée de 60 minutes et les présentations inversées afin de permettre, pour qui le souhaite, d’assister à cet événement du Centre de la francophonie des Amériques : https://francophoniedesameriques.com/vos-services/projets/panel-decouvrabilite | https://us06web.zoom.us/j/89892284611
Ordre du jour du 5 mars
- La souveraineté culturelle du Québec à l'ère du numérique : rapport du Comité-conseil sur la découvrabilité des contenus culturels (Beaudoin-Duhaime-Guèvremont-Taillon) (présidence Michèle Rioux) (14h00-15h10)
- Présentation du rapport BDGT par M. Clément Duhaime 15 min
- Conversation autour des recommandations du rapport.
Invités : Catalina Briceno (UQAM), Simon Claus (ADISQ), Jérôme Payette (CDEC et APEM) et Pierre Trudel (Université de Montréal) (40 min + questions - 15 min).
- Présentation des travaux du LATICCE, en lien avec le rapport (présidence Destiny Tchéhouali) (15h30-16h30)
- Les revenus des artistes et le traitement des données - Guy-Philippe Wells (15 min)
- Projet OuiTogether - Brice-Armel Simeu (15 min)
- Percer la chambre d’écho de la recommandation - Mission France-Québec sur la découvrabilité - Jean-Robert Bisaillon (15 min)
- Échanges
- Verre de l’amitié
(1) Télécharger le rapport du comité conseil : https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/culture-communications/publications-adm/rapport/RA-comite-expert-decouvrabilite-contenus-culturels.pdf
Les revenus des artistes de la musique et le numérique au Québec (Guy-Philippe Wells)
Ce projet de recherche vise à étudier l’impact des transformations numériques sur les revenus des artistes québécois de la musique au cours des vingt-cinq dernières années. Les transformations numériques sont souvent étudiées sous l’angle de leur impact économique sur les grands acteurs industriels que sont les maisons de disques, les maisons d’édition, les commerces de détail ou les pratiques des amateurs de musique et sur les aspects techniques de la découvrabilité des œuvres sur les PNEL. Un aspect qui est moins étudié est celui de l’impact des transformations numériques sur les revenus des créateurs. Pour réaliser ce projet de recherche, nous avons établi un partenariat avec les principales associations professionnelles qui représentent les artistes de la musique, soit l’Union des artistes (UDA), la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ) et la Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec (SPACQ). Nous avons conçu une enquête en ligne qui a été distribuée auprès de leurs membres de juillet 2022 à janvier 2023. Cette recherche a été financée par ces partenaires en collaboration avec MITACS.
Utilisation des données par les maisons de disques (Guy-Philippe Wells)
Le discours sur la transformation numérique présente souvent l’avantage que confère la possibilité de recueillir et d’analyser les données sur les choix et comportements des amateurs de musique sur les plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL) comme étant un de ses principaux bénéfices pour les industries culturelles. L’objectif de notre projet de recherche est de vérifier si cette affirmation est exacte dans le contexte de la francophonie canadienne. Nous cherchons à répondre aux questions suivantes :
- Quelles sont les données auxquelles les maisons de disques ont accès?
- Est-ce que les maisons de disques jugent utile d’analyser les données disponibles?
- Est-ce que les maisons de disques ont les ressources pour analyser les données disponibles?
- Quelles peuvent être les mesures prises pour améliorer l’utilisation des données par les maisons de disques et favoriser une meilleure compréhension du marché, des préférences des amateurs de musique et ainsi favoriser la découvrabilité des œuvres canadiennes exprimant les réalités du monde francophone et favorisant l’expression de la diversité culturelle.
L’objectif de notre projet de recherche est de comprendre comment les maisons de disques utilisent les données et d’étudier quelles pourraient être les avenues de solution pour rétablir le lien entre les amateurs de musique et les maisons de disques qui existait avant la transformation numérique. Ce lien est évidemment appelé à prendre de nouvelles formes dans le nouvel environnement de distribution et de commercialisation de la musique.
OuiTogether (Brice Armel Simeu Tagno)
OuiTogether est une plateforme de découvrabilité culturelle numérique basée sur le modèle PVRC (Présence-visibilité-recommandation-consommation). Elle est développée au sein du LATICCE par Brice Armel Simeu dans le cadre de ses recherches en maîtrise puis au doctorat sur les leviers d’activation de la découvrabilité. Il explore à travers cet outil technologique l’application de la théorie des nudges ou du “coup de pouce” issue de l’économie comportementale, pour penser les instruments politiques et technologiques d’activation de la découvrabilité. La plateforme est conçue en partant de l’hypothèse que l’organisation de l’environnement de choix des utilisateurs des plateformes numériques à un impact significatif sur la découvrabilité et l’accès à la diversité des contenus culturels. OuiTogether se présente comme une architecture de choix qui utilise un système de recommandation algorithmique privilégiant la visibilité de contenus culturels locaux afin d’inciter l’utilisateur à leur consommation. C’est un outil numérique incitatif qui, à l'aide de l’intelligence artificielle et un système intelligent de géolocalisation accroît la découvrabilité des œuvres, artistes et évènements culturels ainsi que la diversité des expressions culturelles présents dans nos territoires.
Percer la chambre d’écho de la recommandation pour stimuler la découvrabilité et l’exportation des enregistrements sonores : analyse de la relation entre les métadonnées d’enrichissement et l’écoute globalisée en streaming - Mission France-Québec sur la découvrabilité et MITACS (Jean-Robert Bisaillon)
Que savons-nous vraiment de la découvrabilité ? De quelle façon les amateurs de musique découvrent-ils de nouveaux artistes et utilisent-ils les requêtes vocales pour y parvenir ? Que savons-nous vraiment des chambres d’écho ? Qu’est-ce qu’une métadonnée enrichie ? Comment stimuler et mesurer la découvrabilité sur les plateformes de streaming ?
Face aux changements qui affectent l'industrie de l’enregistrement sonore se posent de nombreuses questions afin de renouer avec une économie durable.
Publié en 2020, le rapport de Mission franco-québécoise sur la découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones offre des pistes et a permis de lancer des travaux de recherche dont ceux du LATICCE (Université du Québec à Montréal) qui réunissent à nos côtés InTempo Musique et MétaMusique du Québec et les organisations françaises La Félin, Musicovery et le LabEX-ICCA de l'université Paris 13.
Au premier trimestre de 2024, nous lançons de nouveaux travaux de recherche-action, en collaboration avec le programme MITACS, qui impliquent des maisons de disques indépendantes, notamment l’Agence Danielle Lefebvre, Baco Music, Born Bad Records, Elixir Musique, InFiné Music, InTempo, NoMadMusic, Pasa Musik et Z Production.
Nous allons nous pencher sur le rôle des données descriptives enrichies que sont les influences artistiques, les identifiants des œuvres et des pistes, la langue d’expression et les humeurs (moods). Nous étudierons le potentiel du recours aux bases de données des communs numériques comme Wikidata et MusicBrainz.
Parallèlement, nos partenaires de recherche travaillent à documenter les définitions et concepts associés à la découvrabilité, l’évolution de la régulation, le comportement des abonnés et les outils statistiques à disposition des maisons de disques dans un environnement dominé par l’écoute musicale sur les plateformes numériques d’écoute en ligne (PNEL).
Percer la chambre d'écho | Résultats préliminaires - Mars 2024
Crédit pour l'œuvre illustrant l'affiche : Coexistence, Herman Kolgen (2019)
Le 10 mars 2023, le conseil scientifique du LATICCE se réunit pour discuter ses projets en cours.
Le premier projet de recherche vise à mesurer l’impact économique des plateformes d’écoute en ligne sur les revenus des auteurs et des compositeurs québécois. Nous estimons qu’il est nécessaire d’étudier les impacts de la transformation numérique d’un point de vue local pour vérifier si les dynamiques mondiales s’y reproduisent ou si on y observe plutôt des dynamiques contradictoires ou divergentes. Nous menons depuis septembre une première étape de la recherche qui consiste en une enquête en ligne auprès des artistes de la musique québécoise. Cette enquête présente dix-huit questions qui visent à brosser le portrait de l’impact des transformations numériques sur les revenus des artistes de la musique québécoise. Plus de 150 artistes qui ont jusqu’à maintenant participé à cette enquête.
Le second projet de recherche, soutenu par MITACS et la Mission franco-québécoise sur la découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones, s’associe à InTempo Musique (Québec), le LabEx-ICCA, La FÉLIN et Musicovery B2B (France), il étudie les bulles de filtrage de la recommandation musicale constatée sur les plateformes de streaming.
Le 24 février dernier le LATICCE organisait une journée-conférence visant à faire état de ses recherches sur la découvrabilité des contenus culturels en ligne pour la période 2017-2020.
Constater dès sa fondation l'existence de difficultés importantes reliées à la découvrabilité des contenus culturels en ligne, le mandat du laboratoire est donc articulé autour de l'objectif d'identifier ces mêmes barrières à la découvrabilité et de mettre de l'avant des solutions industrielles et politiques pouvant permettre, à terme, de les éliminer.
Pour accéder aux diapositives et notes de présentation, consulter les liens suivants:
- Michèle Rioux (Bilan découvrabilité numérique, 2017-2020)
- Joanie Grenier (La découvrabilité du livre au Québec)
- Martin Têtu (Secteur de l'audiovisuel, 2018-2019)
- Jérôme Pacouret (Découvrabilité et droit d'auteur canadien)
- Jean-Robert Bisaillon (Secteur de la musique, 2017-2020)
L'ouvrage Spotify Teardown,1 paru en mars 2019 aux éditions MIT Press, se penche sur les travaux de recherche qui ont pour but de cerner les modèles et pratiques des plateformes d'écoute musicale en ligne – en l'occurrence Spotify – et présente divers cas types utilisant des approches de collecte et d'observation qui doivent composer avec des contraintes légales d'utilisation et de techniques dépassant souvent les limites fixées par ces mêmes services. En voici un bref résumé.
Ne travailler qu'avec l'accord des grandes corporations ne permet pas d'être critique à leur égard
Le livre évoque l'utilisation de techniques de moissonnage, non prévues par les API des services (le Web Scrapping) ou l'utilisation de faux comptes d'utilisateurs. Il souligne notamment la nécessité de se livrer à de telles recherches enfreignant les cadres prévus.
… violating terms of service is not only ethically possible, but might even be ethically required in some circumstances... If we only work with permission of Large Corporation, can we ever be critical of Large Corporation? (p. 188)
Sa lecture est importante pour appréhender nombres de caractéristiques des plateformes mondialisées qui dominent les marchés et constituent de nouveaux monopoles.
De plus, l'ouvrage évoque le fait que Spotify n'avait, au départ et encore aujourd'hui, que peu à voir avec l'industrie musicale, que ses fondateurs n'avaient pas d'intérêt ou de connaissances spécifiques de ce secteur. Contrairement aux perceptions, l'objectif de Spotify ne serait pas tant d'offrir une solution aux divers maux de l'industrie musicale, que de valider de nouveaux modèles de dissémination massive et rapide de fichiers numériques et d'exploitation de données d'usage, ainsi que de ventes publicitaires.
Le LATICCE, laboratoire auquel je suis associé, se livre actuellement à des tests analogues à ceux effectués par l'équipe de Spotify Teardown. Jusqu'ici, nos constats ont tendance à confirmer certaines qualités indéniables de ce service. Par ailleurs, la portée culturelle et sociale des enjeux et le nombre de paramètres à prendre en considération pour mieux comprendre leurs effets sur la mutation des habitudes de fréquentation de la culture, militent pour que les chercheurs puissent se livrer à des expériences indépendantes. Or, Spotify Teardown lève notamment le voile sur les tentatives de muselage des recherches par l'entreprise suédoise.
Spotify then moved on to contact the Swedish Research Council directly to suggest cutting the funding for the project. (p. 17)
L'ouvrage présente une série d'interventions s'appliquant à décrire l'univers de Spotify et ses composantes : l'historique et l'évolution du modèle (The Swedish Unicorn), l'ingestion des contenus musicaux et l'importance des métadonnées (Record Label Setup), les méthodologies d'observation mises en place par l'équipe de recherche (How we Tracked Streams), l'observation des logiques de création des listes d'écoute et les failles de la recommandation (Too Much Data), les problèmes engendrés par le gratuit et l'écoute illimitée (Introducing Songblocker) et enfin, une conclusion qui se penche sur la vision de développement futur de la plateforme (Work at Spotify!).
Le profilage comportemental
Les faits saillants évoquent les problèmes éthiques, la qualité de la recommandation liée au profilage comportemental, la prise en compte de l'historique d'écoute et les prétentions encore peu avérées du service à ce chapitre.
This is also called behavioral profiling in social pyschology (…) Such profiling activities seem to be in direct violation of upcoming EU regulation. (Article 22 de la General Data Protection regulation) (p. 190)
Il souligne la fragilité d'un modèle qui repose sur l'exploitation d'actifs sur lesquels le service ne détient pas le contrôle, soit les catalogues musicaux tiers existants. De surcroit, puisque les répertoires musicaux se concentrent majoritairement sur ceux de trois multinationales, non seulement le service est-il dépendant, mais il dépend de peu d'acteurs.
Spotify's business model... still appears - highly skewed toward major stars and record labels, … (p. 3)
Des playlists créées par les multinationales
On y apprend que les listes d'écoute, ou playlists, qui constituent le socle du service, sont dans une importante proportion créées par des services tiers qui appartiennent aux majors : Filtr pour Sony, Topsify pour Warner et Digster pour Universal (p. 5).
Les services d'écoute en continu sont des boîtes noires (blackboxes) qui s'affirment souvent selon des logiques de Winner Takes All (un seul service s'impose pour chaque type de demande), qui posent des risques pour la mise en valeur d'une diversité de l'offre, malgré l'inventaire exhaustif auxquels les services musicaux prétendent donner un accès libre, soit plus de 30 millions d'enregistrements.
La question qui se pose à terme est surtout de savoir si Spotify est davantage une plateforme culturelle ou une entreprise médiatique publicitaire. Si la seconde hypothèse l'emportait, il faudrait s'inquiéter de la réelle qualité des recommandations proposées par le service. Or, il est extrêmement difficile de percer de telles boîtes noires et le pouvoir des grandes plateformes repose en majeure partie sur le mythe qu'il est impossible d'ouvrir un débat public sur leurs pratiques. Que ce soit pour protéger nos données personnelles ou un modèle d'affaire soi-disant innovant, les grandes plateformes se livrent à des pratiques hermétiques.
Forcer la boîte noire par des techniques de recherche immersives
Les chercheurs regroupés autour du laboratoire en « Digital Humanities », HUMlab de l'Université Umea, ont opté pour une approche de recherche plus pragmatique que l'observation, en choisissant l'immersion, en tentant de pénétrer la boîte noire. Ils ont créé une « fausse » maison de disques et de faux contenus et ont investi la plateforme tel que le ferait un artiste ou un label. Ils insistent sur l'importance pour les chercheurs en sciences humaines s'intéressant aux technologies de mieux maîtriser la conception logicielle et le design des appareils et interfaces. La recherche qui porte sur les plateformes implique une triangulation de trois paramètres, soit l'expérience usager, l'informatique et l'économie.
Approches qualitatives ou quantitatives?
Un des tests déterminants a consisté à utiliser de 17 à 96 robots ou persona, afin de mesurer la qualité des recommandations découlant de deux paramètres requis pour s'inscrire sur le service, soit l'âge et le sexe des abonnés. L'utilisation de méthodes de visualisation des données massives a permis de constater que, si le sexe des abonnés avait un certain impact sur les titres proposés, cela n’était le cas que sur les listes éditoriales et thématiques établies selon les marchés territoriaux, mais pas de façon granulaire dans les recommandations fondées sur le profilage comportemental en fonction du sexe (Discover Weekly) : « There were simply no Discover recommendations in the huge database. » (p.143). Une approche strictement qualitative et manuelle n'aurait pas permis d'effectuer pareil constat. En revanche, le fait de ne pouvoir circonscrire de variations dans les recommandations selon le sexe des abonnés est traité par l'équipe comme un possible échec de leurs méthodologies et renvoit à la complexité d'établir un protocole d'observation adéquat pour appréhender la qualité des algorithmes d'une plateforme sans cesse en mouvement. Il faudra en vertu de telles conclusions ajuster les approches constamment et poursuivre les efforts d'analyse.
« We want to remind ourselves and others of the need for reflexivity throughout the research process » (p.147)
Si la présente synthèse offre une vue bien partielle de l'étude Spotify Teardown, elle veut surtout souligner l'importance de mettre en place des travaux soutenus d'observation indépendante sur le fonctionnement de telles plateformes, qui agissent de façon irrémédiable sur nos habitudes de consommation culturelle.
1Eriksson, M., Fleischer, R., Johansson, A., Snickars, P. & Vonderau, P. Spotify teardown : inside the black box of streaming music. (MIT Press, 2019). at https://mitpress.mit.edu/books/spotify-teardown#.XHLQHCWzFk8.mendeley
10 mars, JEU
Auteur : JEAN-ROBERT BISAILLON
Pour que la culture puisse exister dans les réseaux télématiques, il a fallu la numériser, ou la dématérialiser. Mais dès que l’on sépare un contenu de son support, les informations qui le décrivent disparaissent. La matérialité d’une œuvre est-elle fondamentale pour assurer son existence ?
Quand une photo, le texte d’une pièce de théâtre, un enregistrement sonore, est transmis d’un émetteur ou une émettrice à un récepteur ou une réceptrice, il faut l’accompagner d’une description qui permette de savoir ce à quoi le ou la destinataire doit s’attendre. À quoi bon posséder la photo d’une femme anonyme, s’il n’est pas indiqué à l’endos qu’il s’agit de votre grand-mère lorsqu’elle avait 25 ans en 1950 ? Autrement, ce visage n’aurait pas de signification particulière pour vous.
Certains technosceptiques n’ont pas encore compris que le principal vecteur de savoir est désormais internet, avec ses technologies de numérisation, de circulation et d’accès aux contenus. Ils vont jusqu’à se demander en quoi il peut être intéressant de connaître qui a écrit un livre ou interprété une pièce musicale puisque, après tout, ce qui est important, c’est de le lire ou de l’écouter.
Mais pour le consommateur ou la consommatrice, la documentation liée à une œuvre est néanmoins ce qui guide ses recherches en ligne : quelle est la pièce qui raconte l’histoire d’un lion, d’un épouvantail et d’une fillette ? La réponse est désormais : https://www.theatreonline.com/Spectacle/Le-voyage-au-pays-d-Oz/12008.
Assurer la découvrabilité
Pour l’ensemble des contributeurs et des contributrices à une œuvre d’art, à sa prestation scénique, à ses diverses captations vidéo légales ou illégales circulant sur les réseaux, la documentation est devenue cruciale pour permettre ce que l’on nomme la découvrabilité ; elle est tout aussi cruciale dans l’attribution de l’œuvre et dans le paiement des droits aux créateurs et aux créatrices.
Découvrabilité est le terme de l’heure. Il évoque cette capacité pour un contenu numérisé d’être repéré ou recommandé dans le contexte d’hyper-offre qui caractérise internet.
... Pour en lire davantage: http://revuejeu.org/2019/03/10/les-identifiants-dartistes-en-ligne/
Board Bullseye – Crédit photo : Christian Gidlöf (Domaine public)
1 JANVIER 2019, MÉDIUMSAIGNANT
AUTEUR : JEAN-ROBERT BISAILLON
Jean-Robert Bisaillon est un ancien French B, co-directeur du LATICCE (CEIM-UQAM), fondateur de Iconoclaste musique et metaD, entreprises de technologie de l'information et des communications au service des filières musicale et de la culture.
►Créer/Produire ►Indexer/Déclarer ►Distribuer ►CONSOMMER►Mesurer ►Répartir |
Jean-Robert Bisaillon 20190101 – En 2019, le Ministère de la culture du Québec consentira de nouveaux efforts et budgets à mesurer la visibilité et stimuler le rayonnement des œuvres québécoises sur Internet. Il est possible de consulter le cadre de référence de ces mesures sur le site du Plan culturel numérique du Québec http://culturenumerique.mcc.gouv.qc.ca/pole-visibilite-et-rayonnement/
Faire cela est important, mais aussi très complexe. Nos décideurs publics en comprennent-ils toute la portée? Assumons que oui. Enfin.
En 2016, j’avais publié un article qui évoquait 6 Raisons d’état qui justifiaient d’indexer un enregistrement sonore avec des métadonnées http://metad.media/fr/6-raisons-detat-dindexer-les-metadonnees-dun-enregistrement-sonore
En ce jour de lancement de médiumsaignant, j’ai décidé de revoir ces 6 motifs pour les porter à 10 et pour en faire ma résolution de 2019. Un tel chantier reflète on ne peut mieux l’importance de travailler collectivement, premier élément de la ligne éditoriale de médiumsaignant.media
Les 10 raisons d’état sont les suivantes :
- Attribuer les crédits aux artistes, ayants droits et contributeurs
- Lier artistes, ayants droits et contributeurs à des identifiants uniques
- Inclure un code géographique ou territorial
- Adopter les standards mondiaux DDEX
- Siéger sur les tables trans-nationales de définition des normes
- Tracer avec précision les usages des contenus
- Arrimer avec robustesse les fichiers binaires audio ou vidéo avec leurs métadonnées
- Développer un référentiel commun et exposer les œuvres et leur documentation sur les réseaux ouverts et liés
- Améliorer et mesurer la visibilité, le rayonnement, la découvrabilité des contenus
- Surveiller le respect de seuils en matière d’offre minimale
|
Photo: Getty/Images
Par Claude Gauvreau - 1 Novembre 2018
Actualités UQAM - https://www.actualites.uqam.ca/2018/gouverner-internet-autrement
Destiny Tchéhouali prône une gouvernance multipartite du Web pour favoriser la diversité culturelle et linguistique.
Le milieu culturel au Québec se réjouit du maintien de la clause d'exception culturelle (incluant les contenus numériques) dans le nouvel Accord États-Unis-Canada-Mexique (AEUMC). Toutefois, des craintes ont été exprimées quant à la présence d'une clause de représailles rattachée à l'exception culturelle. En vertu de cette clause, les États-Unis pourraient exiger des compensations financières si le Canada prenait des mesures protectionnistes pour préserver ses industries culturelles. Ces craintes sont-elles fondées? Certains estiment que non parce que la clause de représailles, déjà inscrite dans l'ancien Accord de libre échange nord-américain (ALÉNA), n'a jamais été appliquée.
«La vigilance s'impose, soutient le professeur du Département de communication sociale et publique Destiny Tchéhouali. On ne doit pas oublier que l'ALÉNA a été conclu avant l'expansion d'Internet et du commerce électronique, avant la révolution numérique. La question est de savoir quelle sera la stratégie canadienne relativement au numérique, au moment où un comité doit examiner la législation fédérale en matière de radiodiffusion et de télécommunications.»
Membre de la Chaire UNESCO en communications et technologies pour le développement et du Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation (CEIM), Destiny Tchéhouali a signé un chapitre consacré à la gouvernance d'Internet et au développement de la diversité culturelle et linguistique dans le Rapport 2018 sur l'état de la francophonie numérique. Publié par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ce rapport a été coordonné par l'Institut du droit de l'espace et des télécommunications (Idest) et la Chaire UNESCO sur les pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement de l'Université Bordeaux Montaigne. Il contient des avis d'experts et met l'accent sur des exemples de bonnes pratiques dont les pays francophones peuvent s'inspirer.
«Il s'agit d'un outil de travail visant à nourrir la réflexion et à éclairer les prises de décision des dirigeants des États membres de l'OIF, lesquels sont confrontés à des défis économiques et culturels associés au nouvel environnement numérique», précise le professeur.
Pour une gouvernance multipartite
Dans un contexte où il n'existe pas d'autorité supranationale pour gouverner Internet, «il est nécessaire de tenir compte du rôle de tous les acteurs pour appliquer un modèle de gouvernance multipartite inspiré d'une approche décentralisée et ouverte, s'appuyant sur l'architecture même du Web», soutient Destiny Tchéhouali. Ce type de gouvernance, défendu par l'OIF afin de prendre en compte les intérêts publics, en particulier ceux des pays en développement, appelle à une forme de responsabilité partagée entre, notamment, les gouvernements, les organisations internationales, les chercheurs/ingénieurs, les industriels, les opérateurs d'infrastructures et de réseaux et les fournisseurs de contenus.
«La question ne doit pas être abordée en termes de qui contrôle ou qui gouverne Internet, mais plutôt en termes de comment gouverner Internet afin qu'il demeure ouvert, libre, neutre et accessible au plus grand nombre, tout en en favorisant la diversité des expressions culturelles et linguistiques, indique le chercheur. Le modèle de gouvernance multipartite devrait être inscrit dans les cadres réglementaires et législatifs des États en matière de culture.»
Faible présence du Québec sur Netflix
À peine une dizaine de productions québécoises – films et séries télé – sont actuellement disponibles pour les Canadiens abonnés à Netflix, révèle une étude du Laboratoire de recherche sur la découvrabilité et les transformations des industries culturelles à l’ère du commerce électronique (LATTICE). Rattaché au CEIM et codirigé par la professeure du Département de science politique Michèle Rioux, le LATICCE cherche à mesurer la présence et la visibilité des productions culturelles québécoises sur les plateformes numériques.
Entre le 13 août et le 12 octobre 2018, les chercheurs du LATTICE ont vérifié chaque jour quelles œuvres québécoises étaient disponibles sur Netflix. L'offre est demeurée la même du début à la fin de cette période. La semaine dernière, l'offre Netflix au Canada comprenait au total environ 4 000 films et plus de 1 500 séries.
Privatisation du Web
La mondialisation a favorisé l'émergence d'acteurs non-étatiques transnationaux, qui cherchent à imposer leurs propres règles, inspirées par des intérêts commerciaux, au détriment des règles incluses dans les politiques, réglementations et législations nationales. «On assiste à une privatisation du Web, laquelle s'incarne dans une sorte d'oligopole constitué des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), affirme Destiny Tchéhouali. L'abondance des contenus culturels offerts sur leurs plateformes numériques ne garantit pas une plus grande diversité de l'offre. Les tendances récentes révèlent plutôt une concentration et une homogénéisation de l'offre culturelle.»
Selon le professeur, ce sont ces entreprises qui décident quels produits culturels nous consommons. «Au moyen de leurs algorithmes, elles parviennent à capter notre attention en exploitant nos données d'utilisateurs, nos goûts et nos préférences. Elles rendent aussi certains contenus plus visibles que d'autres grâce à des techniques de sélection, de hiérarchisation et de recommandation. Résultat? Les œuvres audiovisuelles et musicales francophones sont noyées dans un océan de produits majoritairement anglophones.»
Les pays francophones doivent réviser ou renforcer leur cadre législatif et réglementaire pour préserver leur souveraineté numérique, poursuit Destiny Tchéhouali. «L'Europe offre un exemple intéressant de ce qui peut être fait sur le plan réglementaire, note-t-il. Le Parlement européen a haussé le ton envers les GAFA et tente d'imposer un quota minimum de 30 % d'œuvres européennes dans les catalogues des plateformes de vidéo sur demande, comme celui de Netflix. Appuyé par la France, le Canada a même proposé l'idée d'une plateforme qui rassemblerait des productions francophones.»
La France à l’UQAM
Destiny Tchéhouali participera, le 20 novembre, à une table ronde sur la découvrabilité des produits culturels québécois et français à l’ère du numérique, organisée par le LATTICE. La table ronde s'inscrit dans le cadre de l'événement «La France à l'UQAM», qui se déroulera du 20 au 22 novembre. Cette initiative du rectorat de l’UQAM menée en collaboration avec le Consulat général de France vise à renforcer les échanges et à favoriser l’émergence de nouveaux partenariats. Plusieurs activités seront proposées aux chercheurs, aux étudiants et au grand public.
Le professeur participera également aux deuxième et troisième volets du colloque international Le Contenu culturel à l'ère du numérique, qui auront lieu à l'UQAM en décembre 2018 et en avril 2019. Cet événement est le fruit d'un partenariat entre le CEIM et le Center for International Relations Studies de l'Université de Liège, en Belgique.
Enfin, en tant que membre expert du comité d'orientation des dynamiques culturelles et linguistiques de l'OIF et directeur de l'Observatoire des réseaux et interconnexions de la société numérique (ORISON), Destiny Tchéhouali a été invité à participer au 13e Forum mondial sur la gouvernance d'Internet, qui se tiendra au siège de l'UNESCO à Paris, du 12 au 14 novembre prochains.
Fractures numériques
Tout en soulignant les progrès accomplis dans les pays en développement sur le plan du déploiement des infrastructures et du développement des applications numériques, le rapport 2018 de l'OIF rappelle la persistance de nombreuses inégalités entre les pays francophones et à travers le monde. Ainsi, 60 % de la population mondiale n'a toujours pas accès à Internet, en particulier les femmes et les habitants des régions rurales.
«En Afrique, par exemple, la proportion de femmes utilisant Internet est inférieure de 25 % à celle des hommes, souligne le professeur. On constate également que les jeunes sont plus susceptibles d'être connectés que leurs aînés et que l'accessibilité numérique représente un enjeu crucial pour les personnes atteintes d'un handicap.» Les causes des inégalités sont techniques (manque d'infrastructure réseau ou régions inaccessibles), économiques (faiblesse du pouvoir d'achat) et culturelles (analphabétisme et non-disponibilité de contenus dans certaines langues). «Le développement de la littératie numérique est particulièrement important pour contrer la fracture cognitive en matière d'appropriation et d'utilisation des outils numériques», conclut Destiny Tchéhouali.