Se battre en brèche — (à nos ennemis) 

La rédaction

« ... nous sommes allées au combat… sans Dieu ni maître… » 
La voix de la femme, no 1

Cela s’est avéré, tel que nous nous en doutions. Voilà notre constat lorsque nous avons remarqué le tollé général soulevé par notre éditorial du no 2. 

Attaquées indirectement, mais sans raison, lorsque le no 1 a vu le jour, nous avons décidé de ne pas laisser passer ces attaques sans y répondre adéquatement. En effet, c’est ainsi que nous avons agi, mais par malchance et en raison d’une confusion (due à un manque de développement) au niveau de la rédaction de l’article, une véritable tempête a éclaté sur La voix de la femme.

Cependant, malgré ce premier trébuchement, nous n’avons pas été intimidées. Nous avons affirmé en apparaissant dans la Palenque du journalisme « mais puisque nous ne voulions dépendre de personne, nous avons hissé le drapeau rouge ; et nous sommes allées au combat… sans Dieu ni maître. » 

Maintenant, donc, comment avez-vous pu croire qu’en étant déterminées comme nous le sommes, nous allions soumettre notre ligne de conduite aux opinions de Pierre, Jean, Jacques? Avez-vous cru, par hasard, qu’en ayant jugé notre article comme étant immoral, pour certains, et insensé pour d’autres et parce que chacun d’entre vous en faisant usage de sa volonté nous a jugées, nous allions plier sur nos idées, sur notre façon de penser et sur notre manière d’agir? Vous seriez plus qu’insensés si vous le croyiez; cependant, nous sommes tentées de croire que vous l’avez été lorsque vous avez osé prononcer les absurdités que nous nous apprêtons à vous rapporter. 

« Cela n’a pas d’allure… Ce n’est pas une façon d’écrire, de telles provocations de la part de ces femmes ne peuvent être tolérées. » « Il faut que ce journal disparaisse », etc., etc. Belle façon de penser, n’est-ce pas ? Belle démonstration de respect envers l’Autonomie individuelle! 
Au nom de l’Anarchie, vous déclarez la guerre à un journal qui, en se lançant dans la joute journalistique, a pris le pari de ne pas faire de compromis avec rien ni personne en ce qui concerne la défense de l’émancipation des femmes, l’un des plus grands et des plus beaux idéaux de l’Anarchie! 

Ceux d’entre vous qui ont pris la parole, avez-vous bien étudié ce qu’est l’Anarchie? Ne sera-t-elle pas celle qui assurera notre liberté individuelle la plus complète, une fois qu’elle aura triomphé? Ne sera-t-elle pas celle qui mettra la femme à la hauteur de l’homme? 

Et si vous comprenez cela, tel que je pense que vous le comprenez, pourquoi utilisez-vous le mot Anarchie dans le but de brimer notre liberté de penser ainsi que notre liberté d’action et au nom de cette même Anarchie vous nous lancez des menaces ridicules afin de nous intimider tout simplement parce que nous sommes des femmes? 

Tenez-vous le bien pour dit que toute justification porte en elle le blâme. Il est vrai qu’il y a des exceptions, mais elles n’en font pas la règle. C’est pour cette raison, donc, que les faux Anarchistes se sont crus offensés, et ils ont mis leur cri dans le ciel, telle une bête blessée par son chasseur.

Nous voulons aussi clarifier, chers camarades, qu’en citant en exergue notre numéro précédent, nous n’avons pas été poussées par le désir de nous transformer en féroces bêtes de la plume et de la langue, comme beaucoup l’ont dit, et nous ne nous sommes pas adressées à tous les anarchistes en général, mais bien à certains individus qui, se disant révolutionnaires, ont essayé de déformer l’objet de ce modeste papier et qui n’ayant sans doute pas le courage de nous attaquer de front, ont préféré nous planter un couteau dans le dos. 

Nous voulons la lutte franche et loyale et c’est pourquoi nous l’avons provoquée, lorsque nos connaissances ont été attaquées. Voilà tout. 

Mais, malgré toutes vos déclarations de guerre, nous nous battrons en brèche, prêtes à garder le drapeau de l’intransigeance hissé bien haut malgré tous ceux qui se sentiront menacés. Nous ne demanderons jamais l’avis de personne concernant notre ligne de conduite, nous resterons fermes, honorant notre autonomie individuelle la plus complète selon les idéaux du Communisme et de l’Anarchie. Cela sera fait dans la mesure où la société bourgeoise actuelle nous le permettra. 

Maintenant chères/chers camarades : tous ceux et celles qui se verront reflétés dans notre ligne de conduite, nous espérons que vous nous donnerez le plus grand appui afin de pouvoir jeter au visage de la Société Bourgeoise Actuelle toute sa bassesse, toute son infamie, et jeter au visage des tyrans de l’Humanité la boue qu’ils ont l’intention de jeter sur nous, les prolétaires. 

Et pour en finir avec cette controverse, nous tenons à dire que si notre journal ne peut pas sortir tous les mois, il sortira tous les deux mois si ce n’est pas tous les trois mois, et si malheureusement cela arrive (ce qui n’arrivera pas selon nous) que le nombre de nos adversaires augmente à un point tel qu’ils nous obligent à disparaître de la lutte journalistique, sachez que nous tomberons peut-être, mais notre drapeau restera hissé.

Donc, tenez-le-vous pour dit. Nous nous battons en brèche.

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